Lutte contre les MGF

Publié le par AMSOPT

 

 

 

Le Temps

   Genève, 14 septembre 2007

 

L'Egypte part en croisade contre l'excision des fillettes

 

 

            FEMMES. Une campagne a été lancée pour sensibiliser les habitants de la vallée du Nil à l'inutilité et à la barbarie des mutilations génitales.

 

Mutilation génitale féminine. Le nom est barbare, la pratique également. Chaque année dans le monde, quelque 3 millions de fillettes sont excisées, principalement en Afrique. En Egypte, parmi les Etats les plus zélés en la matière, de plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer une tradition inhumaine. Le décès de deux fillettes cet été, suite à une overdose de produits anesthésiants, a réveillé les consciences. Suzanne Moubarak, première dame du pays, a lancé la campagne «Le début de la fin», entraînant dans son sillage responsables politiques et religieux, ONG et médecins.

 

«On assiste à un mouvement général; le grand mufti a clairement appelé à l'abolition de l'excision, le cadre juridique a été renforcé, des médecins ont décidé de ne plus réaliser ce type d'intervention», se réjouit Erma Manoncourt, représentante de l'Unicef en Egypte. Si la pratique était déjà officiellement interdite, la loi supportait jusque-là des «cas exceptionnels», largesse dans laquelle s'engouffraient tous les faiseurs de statistiques: 77% des Egyptiennes de 15 à 17 ans ont été excisées. Depuis juillet dernier, les dérogations ne sont plus possibles.

 

En partenariat avec des ONG, l'Unicef s'est engagé dans un travail de fond sur le terrain: essayer de convaincre de l'inutilité de la pratique, village après village, famille après famille. L'excision trouve des justifications sociologiques (contrôler la sexualité féminine et éviter le rejet des jeunes filles), hygiéniques (faciliter la toilette intime) et religieuses. L'islam, pourtant, n'impose en rien la mutilation des gamines et les coptes - les chrétiens d'Egypte - la pratiquent tout autant que les musulmans.

 

Tradition pharaonique. La tradition remonterait à l'époque des pharaons. L'infibulation, qui consiste, outre l'ablation du clitoris et des lèvres, à une suture de la vulve ne laissant qu'un minuscule orifice, est également nommée «excision pharaonique». L'intervention qui a cours en Egypte ne va pas si loin, mais déjà les conséquences sont dramatiques: risque d'hémorragie, infections, complications lors de l'accouchement, traumatisme psychologique, rapports sexuels douloureux, prédisposition renforcée au VIH, stérilité, frigidité, incontinence...

 

Trois quarts des interventions en clinique. «Nous nous appuyons sur les gens des villages eux-mêmes pour répandre le message, désavouer l'argument religieux et alerter sur les séquelles. Et puis nous nous adressons aux hommes. Ils sont un rouage important puisque ce sont eux qui exigent des femmes excisées», argue Erma Manoncourt. Les étudiants en médecine sont une autre cible de la campagne de sensibilisation, puisque les trois quarts des interventions ont lieu dans des cliniques privées. «C'est aussi un business», ajoute la représentante de l'Unicef.

Bien que le sujet soit complètement tabou, certaines bourgades de Haute-Egypte ont accepté de signer une déclaration attestant que tous les habitants renoncent à cette pratique. Les autorités misent sur l'effet boule de neige.    Par Caroline Stevan

 

 

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