Lutte contre l’excision en 1ère Région : UNE REELLE PRISE DE CONSCIENCE 3 heures | 0 commentaire

Publié le par AMSOPT

Sur 100 villages du district sanitaire de Kayes, plus de 78 ont décidé d’abandonner cette pratique traditionnelle nuisible à la santé de la femme et de la fille. L’ambassadeur de Suède dans notre pays, Mme Carin Wall, et la représentante de l’Unicef dans notre pays, Mme Françoise Ackermans, ont visité la semaine dernière à Kayes les différentes réalisations du projet « protéger la jeune génération : un projet pilote et intégré de lutte contre les MGF dans le district sanitaire de Kayes ». Mis en œuvre depuis 2011 par l’Ong Amsopt (Association malienne pour le suivi et l’orientation des pratiques néfaste) le programme entend convaincre par la sensibilisation les communautés d’abandonner les MGF (mutilations génitales féminines). Le projet qui s’étend sur 100 villages (dont 30 couverts par l’Unicef) du district sanitaire de Kayes est financé par l’ambassade de Suède dans notre pays en collaboration avec l’Unicef.

Il ambitionne de couvrir en 5 ans l’ensemble des 256 villages pilotes du district sanitaire de Kayes. Depuis le début de sa phase pilote en 2007, le projet a enregistré des résultats positifs. Ainsi sur les 100 villages couverts par le programme, 78 ont décidé d’abandonner la pratique de l’excision. Les deux personnalités accompagnées d’une forte délégation ont visité quelques villages où l’excision est désormais un mauvais souvenir. La délégation s’est ainsi rendue au village de Dramebougou à 85 km de Kayes.
Ce village majoritairement kassonkè a abandonné l’excision voilà trois ans. Dans son intervention, la représentante de l’Unicef a remercié les habitants de Dramebougou et ceux de Gori Gopela pour leur accueil. Pratique traditionnelle très ancienne, plus ancienne que toutes les religions, l’excision est malheureusement une réalité dans notre pays. Cependant, a expliqué Mme Françoise Ackermans, si l’excision était pratiquée au début un peu partout dans le monde, aujourd’hui beaucoup de pays ont abandonné la pratique après avoir évalué les conséquences désastreuses sur la santé de la femme et des filles.
La représentante de l’Unicef estime que notre pays aussi doit aller vers l’abandon de cette pratique nuisible qui n’a aucun fondement religieux. C’est du moins l’ambition du projet « protéger la jeune génération : un projet pilote et intégré de lutte contre les MGF dans le district sanitaire de Kayes » : faire de notre pays un modèle dans la lutte contre les mutilations génitales féminines. Toutefois, a-t-elle indiqué, sa structure ne peut, seule, relever ce défi.
Elle a donc plaidé pour le nécessaire accompagnement des partenaires, des chefs de village, bref l’adhésion de tout le monde principalement les femmes. Car ce sont elles qui excisent et font exciser leurs filles. A l’unisson, les femmes doivent dire non à cette pratique néfaste à leur santé. Cela permettra de réduire le taux de mortalité maternelle jugé trop élevé dans notre pays.
Mme Françoise Ackermans a salué les résultats très encourageant enregistrés sur le terrain grâce à ce projet novateur de lutte contre les MGF même si, de son point de vue, les avancées sont encore lentes. Alors comment aller vite afin que tous les villages maliens puissent prendre conscience pour qu’à la longue aucune fille malienne ne soit excisée ?
La représentante de l’Unicef a apprécié l’appui financier de la Suède pour la mise en œuvre du projet. Cette coopération va beaucoup plus loin puisque l’ambassadeur de Suède a décrit l’Unicef comme un partenaire clé dans leur coopération de développement avec notre pays. Mme Carin Wall a souligné à ce propos que le thème » Droits des femmes et des enfants » attirait particulièrement leur attention dans leur coopération avec notre pays.
La diplomate s’est aussi réjouie du fait que le village de Dramebougou consente à ne plus faire exciser ses filles. Elle a estimé nécessaire un suivi en espérant que le village soit un exemple pour toutes les localités qui n’ont pas encore compris la nécessité d’abandonner cette pratique. L’école peut jouer un grand rôle dans la lutte contre les mutilations génitales féminines, surtout en matière de sensibilisation, a-t-elle noté.
Le chef du village de Dramebougou, Sara Diallo, avait auparavant remercié les initiateurs du programme pour le choix de son village où le projet a été bénéfique à plus d’un titre. Primo, il a permis à travers la sensibilisation de l’Ong Amsopt de savoir que l’excision est une pratique néfaste à la santé de la femme et de la fille. Secundo, la santé des femmes ainsi que des filles s’est nettement améliorée.
Trois ans après l’abandon des MGF dans le village de Dramébougou, Sara Diallo dans sa mission de gardien de la tradition joue le rôle de sentinelle pour la pérennisation des acquis. Dans son village, l’excision est désormais considérée comme un délit dont les responsables sont punis. Ils doivent payer une amende allant de 15 000 Fcfa pour la mère qui fait exciser sa fille à 10.000 Fcfa pour l’exciseuse.
La délégation s’est aussi rendue à l’école fondamentale de Kayes Plateau. Ici, les deux personnalités ont constaté les effets du programme Scolarisation accélérée ou système de classe passerelle pour les enfants non scolarisés ou déscolarisée. Pour l’année 2010-2011, 280 enfants (186 garçons et 95 filles) ont bénéficié du projet et pour l’année scolaire 2011-2012, 291 enfants (87 filles et 204 garçons).
Le coût total des allocations de fonds de l’Unicef pour la seule année de 2012 pour les projets de lutte contre les MGF et mariages précoces s’élève à 1.124 836 dollars (plus de 562 millions de Fcfa) dont 41% de fonds suédois. Le coût global du projet « protéger la jeune génération : un projet pilote et intégré de lutte contre les MGF dans le district sanitaire de Kayes » conjointement financé par l’Unicef et Equilibre et Population s’élève à 234,5 millions Fcfa, dont 78 millions de l’Unicef.
M. A. TRAORE


source : l'ESSOR

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